
INAUGURATION DE LA FIN DE L’AMÉNAGEMENT DU SQUARE DE L’ÉGLISE

11 novembre.
La fin des combats de la Grande Guerre a marqué les consciences et imprégné les mémoires. Événement qui transcende le temps et franchit les générations. Nul besoin d’ajouter une année ou un millésime, ce jour et ce mois ont intégré depuis plus d’un siècle notre patrimoine commun.
A la onzième heure du onzième jour du onzième mois, après quatre interminables années, le canon s’est tu, la fureur s’est calmée. Le dernier mort, le dernier tir, la dernière détonation. Depuis Compiègne, où l’armistice a été signé à l’aube, jusqu’au front, du premier des clairons à tous les clochers de France, de l’esplanade de chaque ville à la moindre place de village. Une déferlante de soulagement, un soupir de délivrance, ont traversé le pays de part en part.
Derrière l’allégresse, derrière le tricolore flottant aux fenêtres et les Marseillaises triomphantes, partout le deuil, les blessures inguérissables, les ruines matérielles, morales et humaines qui se sont installés pour longtemps. Des mères et des pères qui n’ont pas retrouvé leur fils. Des fratries qui n’ont pas retrouvé leur père. Des épouses et des époux qui ont perdu l’être aimé.Le pays est traversé par la sourde évidence que rien ne sera plus jamais comme avant.
En ce jour, dans les nécropoles, devant les monuments aux morts, sur les places de toutes nos cités, toutes les générations rassemblées, nous nous souvenons de ceux qui se sont battus pour la France entre 1914 et 1918, de ceux tombés au champ d’honneur sur tous les fronts, d’Orient et d’Occident. Nous nous souvenons du combat valeureux de tous ceux qui, venus des cinq continents, ont défendu un sol qu’ils n’avaient auparavant jamais foulé.
Les noms gravés sur nos monuments aux morts nous rappellent constamment les valeurs d’honneur, de courage, de dévouement et de bravoure. Ils nous rappellent la fraternité d’armes.La même fraternité unit toutes les filles et tous les fils de France qui œuvrent aujourd’hui à la défense de notre pays et qui mènent notre inlassable combat pour la liberté. La même fraternité mémorielle qui, chaque 11 novembre, nous réunit pour honorer les combattants de tous les conflits, pour rendre hommage à ceux qui ont accompli leur devoir jusqu’au don suprême. La Nation salue la mémoire des soldats morts pour la France en 2021.
Aujourd’hui, dans un même mouvement, la France reconnaissante fait cortège au cercueil d’Hubert GERMAIN jusqu’à la crypte du mémorial de la France combattante au Mont Valérien. Selon la volonté du général DE GAULLE, l’ultime compagnon de la Libération y reposera. Dernier dans la mort, parmi les premiers de 1940, Hubert GERMAIN est le porte-étendard des 1 038 illustres qui ont tant fait pour l’idéal de liberté et l’esprit français.
La flamme des compagnons s’est éteinte, mais nous sommes les dépositaires de ses braises ardentes. Entretenons-les sans cesse, ravivons-les inlassablement, en honorant ceux qui donnent leur vie pour la France, ceux qui la servent avec dévouement et courage.
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants
Fidélité, loyauté, fierté et dignité.
Tels sont les ressorts qui ont animé et qui animent les harkis et tous les anciens supplétifs. Telles sont les valeurs qui nous rassemblent, chaque année, pour le rendez-vous du 25 septembre. Cette journée nationale, inscrite dans le calendrier mémoriel depuis 2003, permet de renouveler l’hommage de la Nation à ceux qui ont porté les armes de la France et combattu sous son drapeau entre 1954 et 1962.
Le président de la République a annoncé une étape majeure dans le processus de reconnaissance et de réparation des drames vécus par les harkis et leurs familles. La France regarde son histoire en face et fait sienne l’exigence de vérité. Cette vérité, au fond, nous la connaissons tous. Elle est cruelle mais il faut sans cesse la rappeler.
L’histoire des harkis est celle d’une adhésion à la France et d’une longue tradition militaire, dans les drames comme dans les victoires. Durant la douloureuse Guerre d’Algérie, dans la diversité des motivations et des formes d’engagement, ils ont fait le choix de la France. Dans le Djebel, l’Atlas, les Aurès, en Kabylie, en ville comme à la campagne, partout en Algérie, les harkis ont rendu des services éminents. En hommes et en femmes d’honneur, fiers et dignes, ils ont tout risqué : leurs biens, leur vie, celle de leur famille.
Lorsqu’il y a bientôt soixante ans, les armes se sont tues de l’autre côté de la Méditerranée, un temps de déchirure et de tragédie a débuté pour les harkis et leurs proches. Pour beaucoup, ce fut l’heure de la violence et des représailles. La France a abandonné ses propres fils qui l’avaient loyalement servie.
Pour les harkis et leur famille qui parvinrent à éviter les exactions, ce fut le déchirement et l’exil. Ils ont quitté une terre aimée, celle de leurs ancêtres, celle où ils avaient construit leur vie et forgé des espérances. Une terre qui abritait leur foyer, leurs biens et leurs traditions. En France, ils furent nombreux à souffrir du déracinement, de la précarité et d’une marginalisation inacceptable dans des camps de transit, des hameaux de forestage ou des cités urbaines. Pour beaucoup, ce fut un provisoire qui dura, un temporaire qui s’éternisa. La promesse de la République ne fut pas respectée tout comme l’essence même de notre devise ne fut pas au rendez-vous.
La France a manqué à sa parole, à son devoir de protection et à l’accueil digne de ses propres combattants. Conscient des souffrances et de ses conséquences, notre pays a cheminé aux côtés des harkis sur la voie de la justice et de la réparation. Pour cela, l’Etat a mis en place des dispositifs spécifiques, continue à les actualiser et poursuit résolument le travail de mémoire. Ce mandat a ainsi permis de nombreuses avancées sur la transmission, la mise en valeur des lieux de mémoire et les mécanismes de solidarité.
Lundi dernier, le président de la République a renouvelé la reconnaissance des manquements de la France et souhaité aller plus loin en l’inscrivant dans le marbre de nos lois. Ainsi, par la Loi, la République reconnaîtra, dès cette année, les conditions indignes de l’accueil des harkis et de leur famille. Le travail de reconnaissance et de réparation franchit une étape essentielle, elle permettra à certains de nos compatriotes de retrouver la fierté d’avoir choisi la France.
Les harkis sont les artisans d’un destin français exemplaire. Par cette journée nationale d’hommage, nous leur redisons notre gratitude pour les combats passés et notre attachement profond.
La France, reconnaissante, n’oublie pas.
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants
« Cher papa, on nous emmène au Vélodrome d’Hiver, mais faut pas nous écrire maintenant parce que c’est pas sûr qu’on restera là. Je t’embrasse bien fort et maman aussi. Ta petite fille qui pense toujours à toi »
Ces mots sont ceux d’une fille à son père, ceux d’une petite Française de dix ans, née dans une famille d’origine polonaise. Marie JELEN les a écrits le 16 juillet 1942, peu après son arrestation. Ce même jour, sa mère et elle sont emmenées au Vel d’Hiv. Après de longues heures d’attente et d’angoisse, toutes les deux sont déportées au camp de Pithiviers. Toutes les deux, jusqu’à l’insoutenable arrachement d’une mère qui dit adieu à sa fille. Quelques semaines après sa maman, Marie JELEN monte, le 21 septembre 1942, dans un convoi pour Auschwitz. Elle est assassinée dans les chambres à gaz.
Comme la petite Marie, 4 115 enfants sont arrêtés durant la rafle du Vel d’Hiv. Aucun de ceux qui ont été déportés vers les « camps de la mort » ne revint.
Les 16 et 17 juillet 1942 demeurent une marque d’infamie dans notre histoire, une blessure à notre mémoire nationale. 13 152 Juifs, qui avaient fait confiance à la patrie des Droits de l’Homme, furent arrêtés et livrés à leurs bourreaux. Durant ces abjectes journées, la France trahissait ses valeurs et son histoire, recouvrant notre honneur du voile de la compromission. Le zèle coupable de l’État français, des collaborateurs et du régime de Pétain avait secondé la folie criminelle de l’occupant.
Entendons les cris et les pleurs, les indignations et l’incompréhension de ces enfants, ces femmes, ces hommes, ces familles lorsque qu’ils furent brutalement arrachés à leur sommeil, qu’ils virent leurs portes enfoncées, qu’ils furent poussés dans l’escalier puis dans la rue. S’ensuivit, pour beaucoup, l’interminable détresse dans les travées du Vélodrome d’Hiver.
La flamme du souvenir ne s’éteindra pas. En cette journée nationale, la Nation rend hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français. Elle se souvient de la Rafle du Vel d’Hiv et de toutes les autres, des 76 000 déportés, des victimes tziganes, homosexuelles, handicapées et tant d’autres.
Dans un même mouvement, la France se souvient des martyrs et des sauveurs. En ces heures, il y eut les ténèbres mais tant de lumières aussi. Des héros, connus ou anonymes, ont sauvé, aidé, caché, accueilli, protégé, accompagné, souvent au péril de leur vie, des enfants, des femmes, des hommes et des familles. Tant et tant furent sauvés de la rafle des innocents par ces étincelles d’humanité. Les Justes ont, dans les profondeurs de notre pays, fait vivre les valeurs qui nous sont chères.
Dans le chemin tracé par Jacques CHIRAC et poursuivi par le Président de la République, la France regarde son histoire avec vérité. Cette journée nationale invite chaque Français à l’éveil et à la vigilance face à l’extrémisme, à l’antisémitisme et à toutes les discriminations. Il est des fléaux qui rongent une nation, nous devons collectivement combattre le racisme, le révisionnisme, le complotisme et les séparatismes. Ainsi, nous œuvrons en faveur d’une certaine idée de la France, mais aussi pour une idée certaine de l’humanité.
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la Flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres.
Ce 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC, les mots irrévocables sont prononcés. Un officier inconnu du grand public, en rupture de ban, ancien membre du gouvernement, sans arme ni troupe, sans bagage ni logistique, démuni de tout mais fort d’une irréductible foi dans le destin de la France, conclut son appel par ces deux phrases. Elles résonnent, aujourd’hui encore, dans notre mémoire nationale.
Cet appel, bref, puissant, ciselé, est celui d’un naufragé de la débâcle qui ne se résigne pas, celui d’une parole d’espérance dans les heures sombres. Alors que la défaite était consommée, qu’il avait œuvré pour éviter l’abîme, que l’esprit d’abandon triomphait jusqu’au sommet de l’Etat, le général de Gaulle quittait le sol national pour porter la voix de la lutte contre la résignation, du patriotisme contre l’asservissement, de la résistance contre le déshonneur.
Le premier « non » était posé, l’aube d’un sursaut, les couleurs était hissées et le glaive ramassé. C’est un souffle de France qui franchissait la Manche. Le dernier mot de cette guerre n’était pas dit, toute lueur n’était pas éteinte, la défaite n’était pas définitive. Les mêmes armes qui avaient submergé nos armées pouvaient forger la victoire. Il exhortait au ralliement et à la poursuite du combat.
L’appel du 18 juin est l’étincelle d’une épopée, celle de la France libre puis de la France combattante. Elle a permis d’arracher la France à la défaite et à l’humiliation, de la maintenir dans la guerre pour lui faire tenir son rang, d’organiser un gouvernement qui, la victoire venue, ramena la République sur l’ensemble du territoire.
Les premiers Français libres n’ont pas tardé à rejoindre Londres. Peu nombreux certes, mais les pionniers de la liberté furent au rendez-vous de l’honneur : des obstinés vaillants, des passionnés intrépides, des patriotes ardents, des réfractaires à la servitude, les radios-navigants de Saint-Jean d’Angély, les aviateurs de Saint-Jean-de-Luz, les marins de l’Ile de Sein… Au fil des années, cette légion de l’honneur, nourrie des femmes et des hommes qui rejoignirent la croix de Lorraine, a porté les armes de la France et honoré les promesses du 18 juin.
Parce que les Français libres n’ont jamais renoncé, la Nation leur rend un hommage appuyé et s’incline devant leur héroïsme.
L’esprit de résistance et la foi dans l’espérance nous accompagnent toujours, ils ont permis de relever un pays martyrisé, brisé et divisé. Cette « certaine idée de la France », chère au général de Gaulle, est notre héritage, il nous appartient d’en être dignes.
Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants